Victoire du Christ sur le mal
Motif iconographique
Ce sujet, fréquent dans l’art chrétien, fait écho au verset 13 du psaume 91 dans lequel le Christ, triomphant, écrase le mal, symbolisé par les animaux démoniaques (aspic, basilic, lion et dragon) qu’il piétine. Les quatre animaux se trouvent à ses pieds. L’aspic est un serpent, animal connoté négativement, toujours signe du mal. Le basilic est une créature mi-coq mi-reptile, et tout comme le dragon, il est un animal hybride. L’hybridité du basilic est ici négative et relève d’une dégénérescence de la Création. Le dragon est toujours une créature maléfique, combattu notamment par saint Michel ou sainte Marguerite. Le lion incarne quant à lui l’animal prédateur et dangereux par excellence, utilisé pour martyriser les chrétiens dans les premiers siècles du christianisme. L’inscription qui court autour de la scène paraphrase le psaume 91, 13.
Le mal est écrasé sur la terre tandis que le Christ, victorieux sur la mort, occupe la plus grande partie de l’image. L’ordre qui règne dans la partie divine contraste avec le désordre de la partie inférieure. On observe également un contraste plastique, au niveau de la matérialité de l’ivoire, entre le Christ et les anges, sculptés dans un relief très plat, en deux dimensions, et les quatre animaux, dans un relief beaucoup plus accentué, qui pourrait montrer une victoire du spirituel sur le matériel périssable.
Le Christ est ici doté d’une croix hampée, attribut habituel de l’Église, et du livre, qui rappelle qu’il est le verbe incarné. La croix hampée est aussi un attribut du Christ ressuscité, qui rappelle qu’il est aussi victorieux sur la mort (voir Christ vainqueur de la mort).