Métamorphose
Motif iconographique
Nabuchodonosor est l’une des rares, sinon la seule occurrence de métamorphose animale, ou d’animalisation dans la Bible. L’image illustre le passage du livre de Daniel (4, 22-29 et 5, 20-21) où l’orgueil du roi de Babylone est puni par Dieu : il est condamné à être un animal pendant 7 ans – retranché des hommes et semblable à une bête – avant de comprendre la puissance de Dieu. L’ambiguïté du texte biblique sur la nature de la transformation à l’œuvre est retranscrite par l’image qui le montre partiellement sous la forme d’un bouc (dont il a le corps, les pattes, la barbe bifide et l’attitude) tout en conservant son visage humain et sa couronne.
Cette transformation en animal poussée, quoique partielle, puisqu’elle préserve de Nabuchodonosor la face humaine, exprime bien le malaise des chrétiens devant l‘idée de métamorphose. Contrairement à la culture gréco-romaine, l’idée même d’une transgression totale des catégories séparant les règnes de la création (ici l’humain et l’animal) est refusée, même dans le cas d’un châtiment voulu par Dieu. Nabuchodonosor adopte le comportement et l’apparence d’un animal, puisqu’il broute l’herbe, le visage tourné vers le sol, en référence au verset biblique (« son cœur devint semblable à celui des bêtes », 5, 21), mais cela souligne plus un changement de comportement et donc d’apparence que de nature. Sans aucun rapport avec le texte, l’enlumineur trouve une réponse culturelle à cette métamorphose qui le dérange en l’introduisant dans un univers merveilleux et exotique dont témoigne la figuration d’une licorne et d’un lion