Subsumation

Motif iconographique

Les deux images se répondent par un système d’oppositions qui traduit la façon dont l’ancienne loi, représentée par Moïse recevant le Décalogue, est transformée et revivifiée par l’Incarnation du Christ. Moïse se tient sur un roc nu, sous une arcade dotée de colonnes torses, qui représentent traditionnellement le Temple. Cette structure, qui le domine et l’encadre — Moïse se tient sous la Loi —, est remplacée sur la seconde plaque par la silhouette du Christ, qui se trouve en surplomb de Thomas — l’apôtre est cette fois dans la loi. L’agencement des deux corps est particulièrement éloquent : le Christ se trouve en hauteur, juché sur un édicule octogonal percé de baies qui rappelle à la fois la rotonde de l’Anastasis et les plans centrés des baptistères du haut Moyen Âge. C’est sur l’une de ces baies que prend appui le pied de l’apôtre qui se hisse vers lui, et cette structure, qui représente à la fois le tombeau du Christ et le lieu où s’effectue la transformation sacramentelle du baptême, remplace pour sa part le rocher stérile où se tient le prophète, en vis-à-vis.

Le corps du Christ, quant à lui, remplace dans sa hauteur les colonnes du Temple : il est l’Église, il incarne la nouvelle loi dont les disciples connaissent l’intériorité et à laquelle il participent. Thomas rentre littéralement dans la chair christique, à la fois témoin et participant, et le contact direct remplace cette fois la distance médiatisée entre Dieu et Moïse, le son de la voix de Dieu et le don des Tables. La main de Dieu porte par ailleurs un nimbe crucifère, signifiant la présence préalable du Christ dans le Verbe divin et annonçant sa venue. Cette même main est aussi présente dans le second panneau, le Christ posant sa main droite sur sa tête dans un geste contorsionné ; cette fois, le Verbe est incarné, corps en présence.

De fait, l’effet de bascule et de réponse entre chaque élément (les mains, les corps, les supports, les cadres) n’exprime pas tant un remplacement qu’une absorption des éléments premiers, une reprise et un transfert qui permettent aux choses de perdurer tout en s’inscrivant dans un système qui les active différemment. Cet ordre était déjà en germe : les nimbes crucifères présents sur les deux reliefs, au même endroit et de façon identiques, expriment la permanence divine à travers les transformations des communautés dans l’histoire du Salut.


Rédaction


Pour citer la page

Collectif OMCI-INHA, , « Subsumation » in Ontologie du christianisme médiéval en images, consulté le 21 novembre 2024, https://ocmi.inha.fr/s/ocmi/item/791