Corps infirme
Motif iconographique
Le motif du corps alité, de l'homme infirme est courant dans l'art médiéval et se rattache à une longue tradition qui se ramifie en différentes déclinaisons thématiques au cours des époques mais semble se rattacher à la même idée qu'illustre le verset 3 du psaume 6 : « Miserere mei Domine quoniam infirmus sum sana me Domine quoniam conturbata sunt ossa mea » (« Aie pitié de moi, Seigneur, car je suis sans force ; guéris-moi, Seigneur, car mes os sont tremblants »). L'infirmité du corps, qui ne résulte pas uniquement des péchés individuels, exprime la condition intrinsèque de l'Homme face à Dieu : rendu impuissant par le péché originel, il doit s'en remettre, par componction, à la miséricorde de Dieu afin de recouvrer la santé du corps, qui passe par celle de l'âme. Contrairement à d'autres affections qui semblent plutôt relever de la conséquence de péchés individuels ou ataviques (comme la lèpre qui, selon les auteurs, se contractait en étant issu de relations sexuelles illicites), celle dont semble souffrir le psalmiste est plutôt à considérer comme une conséquence globale de sa condition d'être humain.
Le psaume, dans son texte et dans son illustration, mêle la thématique de la maladie comme atteinte du corps à celle de l'infirmité comme condition de l'âme : « Je suis épuisé à force de gémir ». La figure en fuite, à droite de l'image, peut alors être interprétée à la fois comme une personnification des ennemis que mentionne le psaume ou de la maladie elle-même, qui affligeait l'homme, et que chasse l'intervention de Dieu. Ici, l'altération du corps résulte donc autant de la condition profonde de l'Homme que d'un dérèglement accidentel ou contingent de l'harmonie du corps et de l’âme. La guérison ne passe donc pas par le soin du corps, mais par l'esprit, car l'Homme en son entier a été rendu infirme par le péché.