Mal en l’homme
Thématique iconographique
La présence du mal en l’homme se traduit par un changement d’état de l’âme et du corps. Dès le péché originel, la chute morale d’Adam et Ève se traduit dans leur corps par la sexuation et la dissimulation de leurs sexes (voir Mort de l'âme). Le péché se transmet par la suite à toute l’humanité. Augustin d’Hippone insiste sur la présence du péché dans le corps dès la naissance. Cet état peccamineux le rend vulnérable au mal et justifie la nécessité pour l’homme de se racheter.
Plusieurs causes, endogènes et exogènes, permettent l’entrée du mal en l’homme : la faiblesse inhérente à la chair d’une part, les ruses et tentations du diable et des autres démons d’autre part (voir Libre choix du mal). La chair n’est pas mauvaise en elle-même, mais aisément corruptible, comme l’affirme l’Évangile selon saint Matthieu : « L’esprit est ardent, mais la chair est faible » (Mt 26, 41). Elle doit donc être dominée par l’esprit pour ne pas laisser le mal s’emparer d’elle. Cette faiblesse de la chair place l’homme sous un régime de tentation, source de vulnérabilité. Il se déroule ainsi un combat permanent à l’intérieur de l’homme entre le bien et le mal (voir Combat spirituel). Cette lutte de l’homme contre la tentation du péché peut être allégorisée, par exemple à travers le thème du combat des Vices et des Vertus, ou représentée dans des cycles narratifs, comme la trahison de Judas.
Dans les images médiévales, la présence du mal en l’homme peut s’exprimer par la laideur. Il s’agit d’une déformation du visage et du corps, qui peut prendre certains aspects de la maladie, comme les pustules. Cette déformation peut aussi passer par une gestuelle désordonnée, un mouvement privé de raison. Les hommes mauvais présentent parfois des caractéristiques animales. En effet, le mal en l’homme peut se traduire par l’animalisation, par exemple dans le passage du livre de Daniel dans lequel Nabuchodonosor est changé en bête (Déchéance). Dans ce cas l’animalité est également un châtiment. Toutes ces déformations visibles sur le corps constituent un pas vers la rupture de la ressemblance avec Dieu, et manifestent l’état de péché qui provoque une séparation entre l’homme et Dieu. Elles ne sont pas toutes irrévocables, la rupture pouvant être réparée par la pénitence.