Pouvoir salvateur
Motif iconographique
Le thème iconographique du Christ descendant en enfer pour sauver les âmes d'Adam et Ève est emprunté au répertoire byzantin (anastasis). La légende, apparue dans l’Évangile apocryphe de Nicodème, déjà présente dans l’enluminure carolingienne et la peinture italienne, est propagée en Occident par Vincent de Beauvais et Jacques de Voragine. Cette scène illustre le pouvoir divin de grâce. Si le terme d'anastasis signifie « montée », il est souvent traduit dans les images par un double mouvement : le Christ descend aux portes de l'enfer et remonte Adam, Ève, ainsi que les Justes. Le Christ apparaît à la fois triomphateur, foulant quelquefois Satan, et rédempteur, libérant Adam, Ève et les Justes non-baptisés de l'Ancien Testament. Le Salut est la manifestation ultime de la puissance divine.
Le Christ se tient debout devant les limbes, à la lisière des enfers. Dans les scènes d'anastasis, les artistes ne font pas la différence entre l'enfer et les limbes, représentés ici par la gueule du Léviathan, telle une porte, symbole du voyage infernal selon la tradition de Job (Jb 41,6). Il est vêtu d'un manteau et tient une croix hastée surmontée d'une bannière, signe de victoire sur la mort. Il saisit la main d'Adam et entraîne les Justes, nus, hors de la gueule du Léviathan. Adam et Ève esquissent tous deux un geste de prière, en signe d’acceptation du salut. Les similitudes dans les mouvements de marche du Christ, d'Adam, d'Ève et des Justes se justifient par le texte de l’Évangile de Nicodème (25) dans lequel le Christ dit : « Venez à moi, (…) [vous] qui étiez à mon image et à ma ressemblance ». Par la similitude de leurs mouvements, ils s'assimilent au corps du Christ.