Enfermement
Motif iconographique
Le motif de la gueule d’Enfer se retrouve dans la sculpture et la peinture de manuscrits dès le XIIe siècle et peut prendre plusieurs formes : ici, la gueule elle-même circonscrit le lieu infernal dans un espace défini, tout en reprenant le thème de la dévoration des damnés.
L’image présente une claire dichotomie entre l’intérieur et l’extérieur de la bouche, close par l’ange. Ce dernier se trouve à l’extérieur de l’ensemble, dans la marge de la page. Les damnés en revanche sont emprisonnés à l’intérieur de la bouche du Léviathan, dans un espace entièrement noir (contrairement au fond bleu clair du cadre). L’entrelacement des corps des démons et des damnés suggère un lieu confiné d’où il est impossible de sortir. Les deux ensembles s’opposent nettement à la rectitude et à la régularité du cadre qui les entoure. Les damnés sont ainsi doublement enfermés : ils sont emprisonnés dans la bouche, elle-même enfermée dans le cadre orné de la page, qui est clos par l’ange. Dieu a tout pouvoir sur l’Enfer et son jugement final est définitif et sans appel.