Âme comme personne
Thématique iconographique
Parce qu’elle est le siège des capacités intellectuelles, de la conscience, mais aussi parce que c’est dans l’homme, la part immortelle et incorruptible qui recèle la vie, l’âme rassemble tous les éléments constitutifs de la personne et en assure la pérennité. L’âme peut ainsi être une forme d’expression de soi : offrir son âme, c’est offrir ce qui rassemble les traits essentiels de son être, offrir à Dieu le présent le plus digne d’être reçu par lui. L’enjeu de la représentation de l’âme est aussi dans la délimitation de soi, la définition d’une identité qui se définit principalement en tant que créature de Dieu. Elle est la possibilité d’une conscience de soi, mais aussi du libre-arbitre.
Le fait que ce soit l’âme et non le corps qui serve à désigner un individu au sein d’un groupe montre l’importance accordée à cette partie de l’homme, durable et intimement liée au monde spirituel. Dans le cas des représentations de l’Église, par exemple, on privilégie logiquement la mention des âmes comme dénominateur des personnes puisque ce sont elles qui seront sauvées ou non (en emportant les corps), et ce sont elles qui constituent l’ossature de la communauté. L’âme est dans ce cas moins considérée comme la marque d’une individualité que comme un élément constitutif de l’ensemble plus vaste qu’est la communauté. L’anonymat de ces figures est aussi un signe d’égalité, d’indifférenciation au regard de Dieu : tout marqueur pouvant induire une différence de traitement entre les uns et les autres est évité pour exprimer l’unité de la communauté.
Toutefois, l’âme est individuelle et elle renferme ses caractéristiques morales et spirituelles : elle témoigne, après la mort des actes accomplis durant l’existence ; elle assure la pérennité et la persistance de la personne dans l’au-delà, ainsi que la possibilité d’une résurrection finale. Elle est singulière, propre à la personne pour laquelle elle a été créée, et surtout indivisible, même si elle se décline en puissances ou en fonctions différenciées. Il en découle une possibilité d’individualisation forte de l’âme, peu fréquente mais réelle, par des singularités physiques, des marqueurs sociaux ou des attributs de fonction, témoignant de l’importance revêtue par l’idée d’une persistance de la personne. L’enjeu est particulièrement crucial dans un système où le Salut ne peut qu’être individuel : même au sein d’une vaste communauté, c’est pour chaque âme singulière et en vertu de ses actes que le jugement sera prononcé.